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FORMULE ESCROC

Cela n’a beau être qu’un sport (en principe du moins), la Formule 1 a souvent été le repaire des plus grands filous de la planète. Formule moy1 passe en revue ces Christophe Rocancourt de l’asphalte.

Avant que l’on ne m’intente 130 procès pour diffamation, je tiens à préciser que vous lisez un blog humoristique et pastiche 51, protégé par la convention de Genève de la liberté d’expression, ou un truc comme ça. Les faits qui seront présentés dans cet article ne s’inscrivent pas dans une vérité absolue. Mais si ces noms sont cités ci-dessous, vous conviendrez que ce n’est pas obligatoirement le fruit du hasard.

Les fantastiques JP van Rossem et Andrea Sassetti ont déjà droit à leur article dédié. Leur vie et leurs œuvres sont à retrouver ici et .

UN THIEME VAUT MIEUX QUE DEUX TU L’AURAS

  • Saison : 1981
  • Écurie : Lotus
  • Accusé : David Thieme
  • Motif : Détournement de fonds

En 1973, David Thieme fonde Essex Petroleum, une compagnie de cotation de baril, pile au moment où frappe le premier choc pétrolier. Nouveau riche, Thieme se trouve une nouvelle passion appropriée : le parrainage de voitures de F1.

Il devient copain comme cochon avec Colin Chapman après une soirée à Monaco. Donc ce n’est pas une surprise lorsque l’emblématique directeur de Lotus troque son noir et or Jean Joueur Special pour le bleu et le rouge d’Essex en 1980. Toujours vêtu d’un chapeau espagnol et portant toujours d’imposantes lunettes de soleil, Thieme met les petits plats dans les grands sur les circuits. À ses côtés, une caravane de camions (servants de salons privés) mais également le chef étoilé Roger Vergé pour s’occuper des petits-fours.

Le cirque ne dure qu’une seule saison. En 1981, Thieme est en prison ! Le contre-choc pétrolier et la forte baisse du prix du baril poussent Essex dans le fond du ravin. L’Américain emprunte des millions de dollars au Crédit Suisse avec plusieurs documents en guise de garantie. Des documents qui, évidemment, sont déclarés faux par la banque helvète.

Dans l’impossibilité d’honorer ses dettes, tant chez Lotus qu’au Crédit Suisse, Thieme est arrêté à l’aéroport de Zurich. Un certain Akram Ojjeh, père d’un important mécène de Williams et futur actionnaire de McLaren, règle sa caution. Thieme saisit alors sa chance et file à l’anglaise, littéralement. Personne ne sait vers où l’homme s’est enfui ni ce qu’il est devenu par la suite !

COUP DOUBLE

  • Saisons : 1989 à 1992
  • Écurie : Brabham
  • Accusés : Joachim Luthi, Middlebridge, Landhurst
  • Motif : Escroquerie

En 1987, Bernie Ecclestone parachève son plan machiavélique pour régner sur la F1 en prenant la tête de la FOM, détentrice des droits commerciaux de la catégorie reine. De ce fait, il n’a plus aucun intérêt à être directeur d’équipe. Sa Brabham ferme provisoirement ses portes en 1988. Un an plus tard, l’écurie revient sur les grilles suite à son rachat par le Suisse Joachim Luthi, avec la bénédiction d’Ecclestone.

Mais il s’avère que cet homme est un véritable escroc. Pas Bernie, hein, je parle de l’autre. Luthi est arrêté par les autorités suisses compétentes pendant la mi-saison 1989. L’homme d’affaires était devenu riche en empruntant de l’argent à des particuliers avec un taux d’intérêt de 20%. Inutile de dire que ces pauvres gens n’ont pas revu la couleur d’un billet de banque.

Avant la fin de la saison, un consortium japonais nommé Middlebridge devient le nouveau propriétaire de Brabham. Mais Middlebridge se révèle aussi infréquentable que Luthi. Le groupe contracte plus de prêts qu’il ne peut en rembourser par l’intermédiaire de Landhurst, sa société de leasing. Lorsque les comptes de Middlebridge virent au rouge début 1992, le directeur de Landhurst est grassement payé pour accorder encore plus de prêts sans en informer les nombreux créanciers de Brabham.

Évidemment, l’écurie coule à pic en pleine saison et l’agence dédiée aux cas de fraude et de corruption sur le sol britannique, la Serious Fraud Office, se penche sur l’affaire. Ils ne peuvent récupérer qu’un petit million de livres sterling sur les 7,2 millions que Middlebridge devait à Landhurst. Le comptable et le président de la société ont été respectivement condamnés à 18 mois et 3 ans d’emprisonnement en 1997. Brabham, du haut de ses 35 victoires et deux titres mondiaux, disparaît dans les larmes.

PROFESSEUR LEYTON

  • Saison : 1991
  • Écurie : March
  • Accusé : Akira Akagi
  • Motif : Détournement de fonds

Dans les années 1980, un jeune nippon à la tête d’une compagnie immobilière et de la maison Hugo Boss décide d’utiliser la magnifique exposition médiatique qu’offre le sport automobile pour promouvoir sa nouvelle marque Leyton House. Et pour marquer les esprits, Akagi va se servir d’une couleur très peu utilisée dans le milieu de la course : le bleu turquoise.

La March du pilote Ivan Capelli, repeinte dans la teinte Miami Blue, rafle le titre F3000 en 1986. Fort de ce succès, Akagi lui promet un volant en Formule 1. Il pousse le constructeur March à revenir en catégorie reine et, deux ans plus tard, rachète la structure. Désormais connues sous le nom de Leyton House Racing, les monoplaces turquoises font sensation au Paul Ricard en 1990 en menant la danse pendant de nombreux tours.

Mais l’éclatement de la bulle spéculative japonaise en 1991 va précipiter la fin d’Akagi et de son écurie. Aidé par deux employés de la Fuji Bank, numéro 5 dans le monde, l’homme d’affaires se voit accorder des prêts illégaux et détourne deux milliards de dollars, rien que ça. C’est l’une des plus grosses escroqueries au pays du soleil levant. Privé de son mécène nippon car emprisonné, March n’a pas d’autre choix que de signer le pilote Paul Belmondo en 1992, avant de fermer boutique définitivement… Terrible.

COFFRE À SEC

  • Saison : 1993
  • Écurie : Ligier
  • Accusé : Cyril de Rouvre
  • Motif : Abus de confiance et de biens sociaux, escroquerie

En 1987, Cyril de Rouvre rachète la Cofragec et son important catalogue de films. Déjà à la tête de plusieurs autres entreprises, cet homme d’affaires français acquiert l’écurie AGS début 1989, en grande difficulté financière. Les résultats de l’écurie varoise ne s’améliorant pas, de Rouvre prend ses billes et s’en va chez Ligier peu de temps après.

Pour être franc, ce n’est pas mieux. Les Ligier apparaissent épisodiquement dans les points et de Rouvre commence à manquer d’argent. À ce moment-là, on soupçonne le Français de piocher sans vergogne dans les comptes de la Cofragec pour renflouer son écurie.

Pourquoi de telles accusations ? Figurez-vous que l’UGC est en train de racheter la Cofragec au même moment. Et lorsqu’ils finissent par se porter acquéreur, ils découvrent une entreprise vidée de ses actifs avec un trou de plus de 170 millions de francs dans les comptes !

De Rouvre ne les remboursera jamais, il passe deux mois derrière les barreaux à Fleury alors qu’il est encore à la tête de Ligier et maire de la ville haut-marnaise de Chaumont ! En 1994, le Français finit par vendre l’écurie de Formule 1 à un autre homme aux lourds antécédents : Flavio Briatore.

SHANNON

  • Saison : 1996
  • Écurie : Forti
  • Accusé : Hermann “Ben” Gartz
  • Motif : Escroquerie

En apparence, l’affaire Shannon-Forti a l’air d’un cas banal comme pas possible. Mais plus on fait de recherches, plus on prend peur.

Vous saviez qu’en Allemagne la presse ne peut pas donner le nom de famille des criminels ? C’est fou, non ? Au début des années 1990, Hermann G., plus connu sous le nom de Ben, est recherché en Allemagne et en Autriche pour avoir arnaqué 400 personnes. Ben trouve refuge en Italie, où il fonde FinFirst en 1994. Cette société en escroque d’autres et finit par racheter Sokol Helicopters. Ben en vend vingt à un homonyme, FinInvest, propriété de Silvio B.

En outre, l’entreprise aurait été mêlée à des groupuscules semblables à la Chose Notre. Rien de bien fou. Par la suite, FinFirst s’exporte en Irlande et prend possession d’une structure nommée Shannon. Sans aucune expérience dans le domaine, Shannon se lance dans le sport automobile début 1996 avec comme objectif d’être au départ du Grand Prix d’Australie de Formule 1 dans deux ans.

Mais surprise, l’écurie de F1 Forti Corse vend dans la foulée 51% de ses parts à Shannon, qui devient donc actionnaire majoritaire. Les monoplaces couleur jaune canari sont repeintes en vert et blanc, Irlande oblige. Mais l’argent de la vente de l’équipe n’arrivera jamais dans les poches de Guido Forti, le fondateur.

Sans financement, Forti se casse la gueule. Le patron attaque Shannon en justice mais contre toute attente, il perd. Bon, le temps que le verdict soit prononcé, les deux structures avaient déjà tiré le rideau… Pour la petite histoire, Ben a également été condamné par contumace en France à cinq ans de prison pour détournement de fonds.

LOVE SYMBOL

(ANCIENNEMENT CONNU SOUS LE NOM DE PRINCE)

  • Saison : 1999
  • Écurie : Arrows
  • Accusé : Prince Malik Ado Ibrahim
  • Motif : Escroquerie

Pour bâtir une écurie de Formule 1 et la mener tant bien que mal vers le chemin de la gloire, il faut s’armer de patience, être très fortuné et très bien entouré. Pour détruire une écurie de F1, en revanche, nous n’avons besoin que d’un seul homme. Ici, il s’agit du Prince Malik Ado Ibrahim.

À la fin des années 1990, Tom Walkinshaw, le propriétaire de l’écurie Arrows, est en quête de mécènes. Prince pointe alors le bout de son nez, la bouche en cœur, et rachète 25% de la structure britannique.

Il en profite aussi pour apposer les stickers de sa société t-minus sur les pontons de la monoplace bariolée en promettant à Arrows que cela attirera de nombreux sponsors selon une stratégie toute simple : au lieu de payer Arrows pour avoir un espace publicitaire, les sponsors potentiels payent (moins cher) pour utiliser le nom de t-minus qui promouvra leurs produits.

Non seulement ce ne fut pas du tout, du tout le cas, mais en plus de ça, Malik n’a jamais donné un centime à Arrows après être entré dans le capital de l’écurie ! Le Prince désormais disparu sans laisser de traces, les Arrows se briseront trois ans plus tard.

DON CALISTO

  • Écuries : Brabham, Forti, Ligier, Arrows, Sauber, Prost
  • Accusé : Calisto Tanzi
  • Motifs : Banqueroute frauduleuse, faux bilans, associations de malfaiteurs et fausses communications

Ce nom ne vous dit probablement rien, pourtant son entreprise est mondialement connue. Si je vous dis : Brabham, attaque Crespo-Chiesa, Parme, Lait, vous me dites… ? Oui, c’est ça, Parmalat !

Le géant italien de l’agro-alimentaire se fait connaître en Formule 1 via le sponsoring de l’écurie Brabham lors du triomphe discutable de Nelson Piquet en 1981. Dans les années 90, Parmalat exerce son influence financière dans tous les domaines : Formule 1 (parrainage de Pedro Diniz), pied-ballon (Parme AC), campagne électorale de Berlusconi… Tout y passe. Son fondateur Calisto Tanzi est même fait chevalier de l’ordre du Mérite de la République italienne, la plus haute distinction honorifique du pays !

Au final, le scandale Parmalat éclate bien après son passage en F1. Des centaines de petits commerçants de la région d’Émilie-Romagne avaient confié leurs économies à Tanzi. Mais en 2003, Parmalat fait faillite. Les autorités italiennes découvrent alors un trou de 14 milliards d’euros dans les comptes de l’entreprise ! Tanzi écope de 18 ans de prison en 2010.

FLY KINGPHISHING

  • Saison : 2018
  • Écurie : Force India
  • Accusé : Vijay Mallya
  • Motif : Faillite frauduleuse

À la mort de son père, dans les années 1980, le jeune Vijay Mallya hérite des commandes du groupe United Breweries, qui possède la bière Kingfisher. Mallya fait augmenter le chiffre d’affaires de son entreprise au fil des années et en 2007, il s’offre l’écurie Spyker (ex-Midland, ex-ex-Jordan).

Rebaptisée Force India, l’équipe quitte vite le fond du classement et s’affirme dans le ventre mou du peloton. Giancarlo Fisichella est même tout proche de l’exploit lors du Grand Prix de Belgique 2009, la trentième course de l’équipe, en s’offrant la pole position et en terminant deuxième de la course !

En 2016, la compagnie aérienne de Mallya, Fly Kingfisher, est insolvable. L’Indien doit éponger un milliard de dollars de dettes contractées auprès de nombreuses banques. En cavale, il se réfugie en Grande-Bretagne alors que son gouvernement milite pour obtenir l’extradition. Cela a, bien évidemment, un impact important sur Force India. De moins en moins financée, l’écurie sombre dans la banqueroute lors de la trêve estivale de 2018. On aurait pu penser que l’aventure allait s’arrêter là mais Lawrence Stroll débarque in-extremis et rachète le tout pour faire naître Racing Point de ces cendres encore chaudes.

MANQUE D’ENERGY ?

  • Saison : 2019
  • Écurie : Haas
  • Accusé : William Storey
  • Motif : Utilisation illégale d’un logotype

Le petit dernier. Début 2018, une entreprise britannique clame haut et fort ses ambitions d’acquisition de Force India, encore sous le contrôle de Vijay Mallya. Cette entreprise, c’est Rich Energy. Ce fabriquant de boisson énergisante est une marque tout à fait inconnue. Tellement inconnue que les Britanniques fans de Formule 1 n’arrivent même pas à trouver lesdites canettes sur les étagères du Tesco au coin de la rue !

Alors quand Haas annonce quelques mois plus tard que Rich Energy sera son nouveau sponsor-titre, on doute. D’où vient l’argent investi s’il est impossible d’acheter du Rich Energy dans le commerce ?

Les suspicions s’alourdissent peu avant la mi-saison. Le paddock apprend avec stupeur que le logo de la marque, une tête de cerf stylisée, a été honteusement pompé sur celui d’un fabriquant de vélos !

Attaquée en justice par l’entreprise flouée, Rich Energy est jugée coupable. En plus de devoir payer une amende, le président William Storey doit aussi retirer tous les produits incriminés du marché (ce qui n’est pas très difficile quand on y pense). Quelques semaines plus tard, Storey prend le contrôle du compte Twitter de Rich Energy et annonce avec fracas la rupture du contrat avec Haas… parce qu’ils sont jugés trop lents sur la piste ! S’en suit un imbroglio pas possible, les actionnaires n’étant même pas prévenus de cette décision, résultant au limogeage avec effet immédiat de Storey. Et au début du mois d’automne, le contrat est déchiré pour de bon entre les canettes et l’écurie de F1.


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1 Comment

  1. Lionel Rosière

    La F1 ne manque pas de charlots qui ont profités des autres, un autre exemple Ekstrom monté par un hippie pilote et sa femme suèdoise, 14 employés non déclaré, faux permis de taf, un litige avec leur pilote de F2. Sinon USF1.

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