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LA FACE CACHÉE DE DAVID COULTHARD

Même s’il a failli finir champion du monde (à une centaine de points près), il en a connu des passes difficiles notre David Coulthard. On se souvient de ce pilote des années 2000 filant à la vitesse de la lumière dans sa McLaren argentée. Moins dans sa Williams cabossée…

L’Écossais surnommé DC a arpenté les pelotons de F1 de 1994 à 2008. Une carrière longue comme le bras pour un homme présentant la mâchoire la plus carrée de ce sport. Et sa carrière est loin d’être ridicule. L’ami Coulthard a remporté 13 Grands Prix, a piloté pour les prestigieuses équipes Williams (quand ils étaient encore bons) ou McLaren (… pareil) et a fini cinq fois sur le podium du classement général.

Pourquoi est-ce que je perdrais mon temps à écrire sur ce pilote qui n’a rien demandé alors ? La réponse est simple. Coulthard est avant tout un Homme, avec un grand H. Et un Homme a ses blessures, ses faiblesses. Celles qu’il n’avoue qu’à demi-mot. Enfin bref, en quinze ans de F1, DC en a fait des bourdes. Et des belles.

COULTHARD LE LOSER

13. C’est le nombre de victoires en F1 de David Coulthard. C’est un nombre respectable, surtout quand on a connu des Damon Hill, des Kimi Raikkonen ou des Christian Klien comme équipier. Pourtant, le pilote Écossais aurait pu augmenter son compteur jusqu’à 15 ! Pour l’expliquer, il faut remonter jusqu’en 1995…

A l’occasion du Grand Prix d’Italie, Coulthard part depuis la première place. Sur un circuit de moteur, son V10 Renault est un atout majeur. DC va-t-il s’en sortir pour autant ? Il s’en sort, oui. Et par “s’en”, je parle de la piste. Accrochez-vous bien, Coulthard met un terme à sa course… avant même qu’elle ne commence ! Dans le tour de formation, à la Variante Ascari, la Williams de tête part en tête à queue en tentant de chauffer ses pneus ! C’est un peloton médusé, maintenant mené par Schumacher, qui dépasse le pauvre Coulthard, resté scotché dans les graviers. Les pilotes achèvent alors leur tour et reprennent leur place sur la grille : le départ sera donné sans le poleman !

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Les Dieux de la F1 se montrent cléments et décident d’intervenir au deuxième tour en provocant un carambolage de pilotes moyens. Drapeau rouge, la course est arrêtée. Après délibération, le premier départ est annulé et un deuxième départ sera donné. Coulthard saute sur l’occasion et dans son mulet. Treize tours après le second départ, DC tient bon en tête du peloton. Du moins jusqu’à ce qu’il ne parte encore en tête à queue ! Cette fois-ci, la Williams ne bougera plus du bac à graviers.

Si vous pensez que le Grand Prix d’Italie est un moment embarrassant pour David Coulthard, ce n’est rien comparé à ce qu’il allait vivre lors de cette même saison à Adelaide, Australie. Ce Grand Prix marque la fin de la saison 1995 et l’Écossais prend une option sur la victoire en s’emparant directement de la tête. Au bout de vingt tours de course, Coulthard a un confortable matelas d’avance sur son équipier Damon Hill et va effectuer son premier arrêt au stand.

Je vous propose de vivre ce petit moment insolite ensemble, au coin du feu.

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A ce stade-là, les mots ne sortent plus. Même les plus beaux lyricistes grecs ne sauraient décrire ce qu’il s’est passé à Adelaide le 12 novembre 1995. Enfin si, il y a bien “Bah David Coulthard s’est pris le mur d’entrée des stands” mais c’est bien plus que ça. Ce genre d’abandon est passible de prison à vie, sans remise de peine, dans 58 pays du globe.

Sur une note plus sérieuse, c’est très grave ce que nous a fait Coulthard en 1995. Ses erreurs à la pelle coûtent même le titre constructeur à Williams. En outre, DC élimine les deux Ferrari au premier virage à Monaco, part en tête à queue au deuxième tour au Canada, sort deux fois de la piste en deux virages au Japon… 50% de ses courses se soldent par un abandon ! D’un autre côté, Damon Hill n’a rien fait pour que la situation s’améliore mais c’est une histoire que je vous réserve pour plus tard…

COULTHARD LE TEAMPLAYER

DC, c’est aussi un grand “teamplayer”, un gars qui ferait tout pour faire triompher le collectif sur le personnel. De toutes façons, comme nous l’avons vu plus haut, le type n’est pas à une victoire près… En 1996, McLaren est en pleine reconstruction et David a pour mission de ramener tout ce beau monde vers le haut du panier. Son nouvel équipier est un Finlandais portant le patronyme d’Häkkinen. Les deux hommes vont rester ensemble, enfin ensemble dans la même équipe, pendant six saisons ! Cela fait autant que la célèbre paire Schumacher-Barrichello.

Nous sommes en 1999. Entre temps, Hakkinen a remporté un titre de champion contre quatre victoires pour son équipier. Michael Schumacher vient de se péter les jambes à Silverstone et Ferrari est orpheline. Les espoirs de toute une nation, de tous les tifosi, reposent sur un homme : Eddie Irvine. Autant vous dire que Ferrari savait d’ores et déjà que c’était cuit. Il aura fallu les efforts incessants de Mercedes, Hakkinen et Coulthard pour qu’Irvine ait ses chances jusqu’au bout de la saison !

Cette remontada commence en Autriche. En qualifications, les McLaren occupent la première ligne et collent une seconde pleine à Irvine, troisième. Jusque là,  rien d’anormal. Soudain, Coulthard tente quelque chose qu’il n’a jamais tenté auparavant : une tentative de dépassement sur son propre équipier ! La scène se déroule sous nos yeux, dans le premier tour de course. L’Écossais saisit sa chance dans le deuxième virage et plonge à l’intérieur. Mais catastrophe, il arrive de trop loin et envoie Hakkinen en tête à queue !

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Fort heureusement pour les nerfs de Ron Dennis, directeur de McLaren, Hakkinen parvient à repartir, dernier. Au jeu des arrêts aux stands, Irvine dépossède Coulthard de la tête de course. Hakkinen, lui, remonte ses adversaires quatre à quatre et parvient à accrocher le podium. Trop tard, le mal est fait. Avec cette victoire “cadeau”, Irvine revient à deux points d’Hakkinen au classement général !

COULTHARD LE RAINMASTER

En plus d’être un redoutable (et c’est le cas de le dire) équipier, Coulthard est aussi un as sous la pluie. Par plusieurs fois, il a eu l’opportunité de nous montrer les talents qu’il possède. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux.

La Formule 1 a connu sa meilleure course de tous les temps en 1998. Coulthard a eu la chance d’y participer. Comme d’habitude, il pleut en ce mois d’août à Spa-Francorchamps lorsqu’est donné le départ du Grand Prix de Belgique. Dans la descente de la Source vers le Raidillon, la visibilité est nulle. Les monoplaces ne font que soulever des gerbes d’eau titanesques. Soudain, à travers cet océan, une voiture surgit. Tel Moïse, cette McLaren vient séparer les eaux pour guider son peuple vers le mur de pneus.

Le prophète n’est autre que David Coulthard en personne. L’Écossais part en aquaplaning en pleine ligne droite, traverse la piste, heurte le mur intérieur, rebondit, traverse une deuxième fois la route et s’échoue contre le mur extérieur. Le tout est aussi lisse que sur le crâne d’un chauve. Bon, il est vrai que dans l’action, Coulthard ne manque pas de provoquer une cohue monstre qui élimine… quatorze voitures !

En toute logique, un deuxième départ est donné… moins six voitures, trop amochées pour être réparées. Au 25e tour de course, Coulthard évolue en antépénultième position, parvenant à contenir des cadors comme la Prost de Jarno Trulli et Shinji Nakano. Le tour d’avant, la McLaren avait été doublée par un Brésilien. Non, pas Rubens Barrichello (ce qui aurait été déjà honteux) mais Pedro Diniz… Dans ses rétros, à Coulthard hein, pas Diniz, une voiture rouge apparaît : Schumacher !

Le pilote Ferrari surnage et s’apprête à prendre un tour au brave Coulthard. Ce dernier reste scotché sur la ligne de course, peut-être en espérant que Schumacher se déporte sur la gauche pour le doubler. Sauf que Schumacher ne l’entend pas de cette oreille. Il reste sur la ligne la plus rapide. Et ce qui devait arriver arriva. Schumacher s’empale sur la McLaren alors que les deux n’étaient pas dans le même tour ! Sous la force de l’impact, l’Allemand perd une roue. Coulthard un aileron arrière.

La course des deux hommes est terminée. Si cela ne contrarie pas trop un Coulthard qui était à des années-lumière des points, Schumacher est passablement irrité. Lui qui pouvait prendre la tête du classement reste finalement deuxième à sept points d’Hakkinen. Dans une colère noire, le Baron rouge se rue dans le stand McLaren pour exprimer à Coulthard son point de vue sur la collision, non sans essayer de lui coller quelques pains dans la gueule.

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Un an plus tard, sur le Nurburgring, Coulthard récidive. La version édulcorée de “l’enfer vert” nous livre cette année une course dont le circuit a le secret. Oubliez ce que j’ai dit sur le Grand Prix de Belgique 1998, c’est cette course qui est la plus belle, folle, incroyable, tout ce que vous voulez, de la Formule 1 ! D’ailleurs, arrêtez de lire cet article, ou alors attendez la fin quand même, mais allez vous ruer sur cette course dès que vous le pouvez ! C’est un devoir en tant que fan de F1.

Spoiler alert : sur une piste semi-détrempée, Hakkinen se casse les dents et choisit les mauvais pneus. Coulthard tire les marrons du feu et récupère la tête après l’abandon d’Heinz-Harald Frentzen, dont l’existence est trop souvent oubliée. Si les choses restent ainsi, l’Écossais reviendrait à trois unités d’Hakkinen au championnat ! D’un coup, la pluie augmente d’intensité. Plusieurs rentrent mais pas Coulthard. Le pilote McLaren reste en pneus sec et finit par se faire piéger bêtement… En ratant son freinage, il est victime d’une des sorties de piste les plus lentes de l’histoire de ce sport. En revanche c’est bien assez pour stopper sa course.

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C’en est fini des espoirs de titre pour DC en 1999. Avec 28 points de retard sur son champion d’équipier en fin de saison, Coulthard n’arrivera jamais plus à approcher de si près la couronne mondiale. Étrangement, son taux de bourdes n’atteint plus son niveau d’antan à partir de la saison 2000. Dans ce nouveau millénaire, Coulthard produit notamment des dépassements de grande qualité.

Passé chez Red Bull en 2005, DC entame alors son processus de pré-retraite jusqu’à tirer sa révérence lors du Grand Prix du Brésil 2008. L’Écossais avait préparé cela minutieusement : déco spéciale sur sa voiture, caméra inédite logée sur son casque, etc. Mais les vieux démons ne sont jamais loin et sa dernière course s’arrête… au bout de deux virages. La raison : un accrochage, what else?


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0 Comments

  1. Bonnet

    Je ne me laisse toujours pas des images démentielles du Grand Prix de Spa 98, qui ravivent mon souvenir.

    Par contre, le coup des stands, je ne le connaissais pas.

  2. Bonnet

    Je ne me laisse toujours pas des images démentielles du Grand Prix de Spa 98, qui ravivent mon souvenir.

    Par contre, le coup des stands, je ne le connaissais pas.

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