Cela fait quelques saisons que le “tour de taxi” est interdit en Formule 1. La principale raison est bien entendu la sécurité. Les Formule 1 sont des voitures rapides et ne sont pas du tout faites pour accueillir un corps étranger sur leur carrosserie ! D’ailleurs, est-il déjà arrivé que quelqu’un en tombe ?
Voir Coulthard ramener un Hakkinen à pied à Barcelone en 2001, Mansell offrir un tour dans sa Williams à Senna à Silverstone en 1991, Alesi fêter sa victoire sur la Benetton de Schumacher à Montréal en 1995… Ces scènes ont marqué l’histoire de la Formule 1. Mais la fête est finie depuis le Grand Prix de Singapour 2013. Lors de cette course, Alonso avait ramené Webber sur sa Ferrari. La FIA avait vu cela d’un très mauvais œil et la pratique a été interdite pour la sécurité des pilotes.
Même si ces hommes roulent doucement lorsqu’ils chargent quelqu’un, le risque de voir le pilote tomber existe toujours. N’a-t-on jamais été fasciné, intrigué, apeuré devant de telles scènes ? Je me suis toujours demandé si une chute était déjà arrivée dans le passé. Il s’avère que oui.
I FRATELLI BRAMBILLA
L’histoire est très connue de l’autre côté des Alpes. En 1987, autour d’un dîner, Michele Alboreto la raconte même à ses convives qui ne sont autre que Gerhard Berger et Mario Andretti ! Alboreto nous plonge dans l’Italie des années 1960. Nous sommes à l’Autodromo Nazionale di Monza. Le circuit vide de voitures et de spectateurs est occupé par les deux frères locaux : Vittorio et Ernesto Brambilla.
Le plus âgé, Ernesto – dit “Tino” – a connu son quart d’heure de gloire dans les formules inférieures. Il a failli disputer une course en F1 pour le compte de Ferrari en 1969 ! L’autre, Vittorio, s’est lancé très tard dans le grand bain du sport auto. Mais contrairement à son frère, il a réussi à atterrir en Formule 1.
A cette époque, Vittorio n’occupe que le rôle de mécanicien en chef pour son frère. Tino teste une Tecno Formule 3 sur le circuit, rien de bien fou. Sauf qu’au bout de quelques tours, Vittorio n’entend plus le moteur de la voiture de son frère. Persuadé qu’il est tombé en panne d’essence, il envoie un mécanicien, Pino, voir ce qu’il se passe. Armé d’un jerrican d’essence, Pino marche jusqu’à Lesmo, ce qui fait une bonne trotte quand on y va pinces. Et à Lesmo, il tombe effectivement sur la monoplace arrêtée de Tino Brambilla. Une fois le réservoir rempli, le pilote propose de ramener son sauveur au stand. Pino saute donc au dessus du véhicule.
Brambilla n’a qu’une demi-boucle à accomplir pour rentrer, qu’est-ce qui pourrait se passer de mal ? Donc Tino finit par rentrer, aperçoit Vittorio et coupe le moteur. Les deux hommes discutent brièvement sur l’incident et l’état de la voiture. Puis, Vittorio pose la fameuse question : “Dov’è Pino?”
Tino se retourne, plus personne sur la voiture ! Il s’avère que l’Italien a oublié qu’il avait un passager à bord ! Lorsque Brambilla aborda le dernier virage, la Parabolica, il était en cinquième, à plus de 200 km/h ! Moment de panique, est-ce que Tino vient de tuer Pino ?! Les deux frères vont passer une heure entière à ratisser le circuit à la recherche du pauvre mécanicien. Ils finissent par le trouver… en vie heureusement ! Les deux tombent sur un Pino un tantinet amoché, gisant dans les graviers de la fameuse Parabolica.
Pas rancunier pour un sou, Pino a continué à travailler pour les frères Brambilla après cette histoire ! En revanche, pas sûr que le mécanicien ait souhaité refaire un tour sur une monoplace…
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