Pour nos amis d’outre-Rhin, Hans Heyer est un virtuose du pilotage. Connu pour être toujours coiffé d’un chapeau tyrolien, il a disputé 1000 courses dans sa très longue carrière. Et dans ces mille, il y en a une qui vaut le détour, croyez-moi.
Richard Petty, Arturo Merzario, Niki Lauda… Les années 1970 réussissaient aux hommes à chapeau. Même pour les pilotes les plus obscurs, comme notre cher Hans.
JEUNES ANNÉES
Né en 1943 dans une ville allemande à peine prononçable (Mönchengladbach pour ne pas la citer), Heyer s’est fait connaître dans les courses de voitures de tourisme. Il ne se séparait jamais de son chapeau tyrolien bien qu’il soit né à 800 kilomètres des montagnes autrichiennes. Il ne l’enlevait que pour enfiler son casque et encore, il le gardait avec lui dans sa voiture !
Après moult succès en karting dans les années 1960, Heyer passa à la vitesse supérieure avec le championnat européen de voitures de tourisme puis le DRM, ancêtre du DTM. Il remporte le championnat d’Europe en 1974, puis le championnat allemand en 1975, 1976 et 1980.
Heyer acquit rapidement une certaine notoriété en Allemagne. Et cela donna des idées à un dénommé Günther Schmidt…
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MON AMI GÜNTHER
Cet homme a lancé en 1977 l’équipe F1 ATS (comme les jantes, oui). L’équipe, qui utilisait des châssis Penske vieux d’un an, connaissait un début de saison plutôt moyen. Lors de la manche “à la maison”, ATS arriva avec une voiture supplémentaire. La première, comme depuis le début de la saison, était pilotée par Jean-Pierre Jarier. La deuxième fut confiée à un néophyte de la monoplace. Cela fit tout de même sensation chez les spectateurs puisque c’est Hans Heyer qui héritait du volant.
Malheureusement pour lui, son expérience en tourisme ne servit à rien en F1. Christijan Albers et Paul di Resta peuvent en témoigner. Tout au long du weekend, l’Allemand est largué. À l’issue de la qualification, il s’adjuge le 27e temps… pour une grille limitée à 24 places. La course se fera donc sans lui.
NEVER GIVE UP
Enfin, pas sûr… Pas découragé pour un sou, Heyer est toujours présent sur le circuit le jour de la course. Il s’installe dans son ATS en espérant qu’un des qualifiés ne soit pas en mesure de prendre le départ. Mais Heyer ne part pas gagnant, son 27e chrono ne faisait de lui que troisième réserviste.
Comme d’habitude, les 24 bolides se présentent sur la grille. Mais en raison d’une panne des feux donnant le départ, celui-ci fut donné plus qu’aléatoirement, en abaissant un drapeau allemand devant les pilotes.
Et c’est alors que l’improbable se réalise. Avec la complicité de son équipe et de quelques commissaires de piste, Heyer profite de la cohue du départ pour se faufiler hors des stands et prend la piste à l’insu du directeur de course !
Une histoire complètement impensable aujourd’hui mais c’est bel et bien arrivé. Les divers abandons et avaries mécaniques aident Heyer à grimper rapidement et discrètement jusqu’à la 19e position. Neuf tours après avoir commis son forfait, sa boîte de vitesse le lâche et l’Allemand regagne les stands pour abandonner. Rendez-vous compte, les officiels n’avaient toujours pas remarqué sa présence en piste malgré neuf passages devant la tour de contrôle !
Ce n’est qu’au retour au garage que Heyer se fait pincer. Le pilote écope d’un Grand Prix de suspension pour son insubordination mais la sanction se révèle inutile puisque l’Allemand arrête sa carrière F1 le soir même. Ironie du sort, ATS le remplacera par un autre Hans, Hans Binder, né dans les montagnes du Tyrol !
FAITS D’ARMES
Hans Heyer était un pilote exceptionnel en tout point.
- Il reste à ce jour le seul pilote de F1 à avoir été non qualifié, à avoir abandonné et à avoir été disqualifié lors de la même course !
- Il a participé à 13 éditions des 24 heures du Mans et a connu 14 abandons ! En 1973, sa Ford Capri renonce au bout de quatre tours de course. Il prend ensuite le volant de la deuxième Ford engagée par son équipe et abandonne de nouveau.
- En 1980, il est victime d’un accident spectaculaire sur le Norisring. Sa Lancia Monte Carlo effectue plusieurs tonneaux avant de finir les quatre pneus en l’air. Heyer sort de l’épave indemne mais y retourne immédiatement car il y avait laissé son chapeau ! Le médecin de course déclarera avoir été plus nerveux que Heyer pendant l’examen qui suivit.
- Véritable touche-à-tout, il a piloté tout et n’importe quoi. Lors de son unique participation au Paris-Dakar en 1986, Heyer se classe deuxième dans la catégorie camion et termine dans le top 30 final !
- Heyer raccroche son casque en 1997 après avoir disputé 999 courses sur les 30 dernières années. 7 ans plus tard, le directeur de la compétition de Volkswagen apprend le chiffre impressionnant et invite Heyer à disputer sa millième course.
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