L’Argentine n’a pas à rougir de sa production de pilotes de F1, c’est le pays de Fangio après tout. Mais le brave Juan Manuel a dû en faire des tours dans sa tombe à la vue du pilotage des Norberto Fontana, Esteban Tuero et surtout Gastón Mazzacane.
TOUT COMMENÇAIT SI BIEN…
Mazzacane, contraction de “ammazza il cane” (en italien : bute le chien) est né le 8 mai 1975 à La Plata, en Argentine. Trente ans tout juste après la capitulation de l’Allemagne. Coïncidence ? Peut-être. Toujours est-il que Gastón accumulait les honneurs en son pays au début des années 1990. Karting, Formule 3, Datsun Series, rien ne lui échappait.
C’est donc sûr de lui qu’il débarque en Europe en 1994. Pour ne pas souffrir de ce brutal changement d’environnement, Mazzacane passe d’abord par l’Italie (terre de pilotes ô combien mauvais). Il y gagne un obscur championnat de monoplaces, catégorie moins de 23 ans, et obtient un test en Formule 3 italienne en fin de saison.
Il fait équipe avec un certain Giancarlo Fisichella, qui écrase le championnat. “Fisico” finit champion mais devinez qui obtient un test en F3000 ? Mazzacane. La raison est simple, sa valise à billets est plus lourde que son pied droit.
UNE VIE DE FOND DE GRILLE
Le manager de Mazzacane comprend vite que son poulain aux oeufs d’or n’a pas le niveau requis pour la F3000. Toutefois, le champion fait quand même le grand saut en 1996. Trois ans d’insuccès plus tard, Mazzacane quitte le championnat avec… aucune victoire ! Des podiums alors ? Non plus. Des pole-positions ou des meilleurs tours pour se consoler ? Non, non… Dites-moi qu’il a eu des points au moins ? Ah oui ! Oui des points il en a eu, ouf ! Enfin, deux seulement…
Son manque de panache frappa l’équipe de F1 Minardi. Son portefeuille également. La petite Scuderia l’engage ainsi en qualité de pilote d’essais en 1999. La récompense vient à l’aube du nouveau millénaire (et nous donne une bonne raison de le fêter) puisque Gastón est titularisé aux côtés du non moins lent Marc Gené.
La saison de Mazzacane n’allait pas fort. S’il ne finissait pas la course relégué à plusieurs tours du vainqueur, il l’a finissait au garage où il se partageait les abandons avec Gené. Pourtant Mazzacane aurait pu rentrer dans l’histoire et participer au dépassement légendaire de Mika Häkkinen à Spa-Francorchamps. Se faisant rattraper par le tandem Schumacher-Häkkinen, l’Argentin roule malheureusement trop lentement et se fait prendre un tour une minute trente trop tôt… Un sentiment de revanche envahit le pauvre pilote, lésé de toute attention médiatique. La réplique sera brutale et se fera deux courses plus tard, Grand Prix des Etats-Unis.
VENDETTA
Les enjeux sont immenses : Mika Häkkinen et Michael Schumacher se déchirent pour le titre de champion. Une pluie de tous les diables frappe le circuit avant le départ et tous partent avec des pneus pluie de circonstance. Tous sauf un.
Vous vous attendez sûrement à ce que je dise Gastón Mazzacane mais il s’agissait en fait de Johnny Herbert, donc rien à voir.
Bref. Les tours passent et Gastón se noie en queue de peloton, comme d’habitude. Mais plusieurs pilotes, dont Häkkinen, font un pari fou et s’arrêtent pour chausser des pneus secs sur une piste encore mouillée ! Les pilotes en pneus pluie en profitent pour dépasser ces derniers encore tâtonnant. C’est alors que l’improbable se produisit.
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Possiblement guidé par l’esprit d’Ayrton Senna, ou alors chaussé des bons pneus, je ne sais plus, Mazzacane pointe à la troisième place et se paie le luxe de déposer le double champion du monde en titre : Mika Häkkinen ! Ce dépassement d’une facilité déconcertante a dû jouer dans la volonté de retraite du Finlandais, dont l’annonce surviendra un an plus tard. Cette théorie a été validée par plusieurs experts dont je tairai le nom par soucis de sécurité. Il est statistiquement impossible de se remettre d’un dépassement de Gastón Hugo Mazzacane.
De plus, ce dépassement a fait basculer le championnat 2000. Je m’explique. Une fois la piste séchée, Häkkinen tente tant bien que mal de se défaire de Mazzacane mais l’Argentin repousse les attaques du Finlandais. “La Minardi meurt mais ne se rend pas.” Ce dernier reste prostré sept tours complets derrière et perd un temps monstre sur Schumacher. Il doit donc tout donner et combler le retard accumulé. Dix tours plus tard, le moteur Mercedes rend l’âme et le Finlandais perd six points. Qui sait ce qui aurait pu advenir si Mazzacane n’avait pas doublé Häkkinen…
PLUS DURES SERONT LES DERNIÈRES PLACES
Sûrement groggy et légèrement excité de s’être tapé un champion du monde, Mazzacane craque complètement et oublie de freiner lors de son arrêt aux stands. Il embarque avec lui toute une rangée de mécaniciens dans une chute formidablement bien synchronisée.
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Toutefois, cette passe d’armes légendaire avec Häkkinen permet à Mazzacane de s’assurer un volant pour 2001 avec Prost Grand Prix. L’équipe manque cruellement d’argent et Gastón tombe à point nommé. Mais Alain Prost n’est pas très enclin à signer la bouillotte argentine. Si bien qu’une clause de performance est ajoutée à son contrat. J’imagine que vous connaissez la suite…
Quatre courses. Mazzacane aura tenu quatre courses avant d’être viré. Depuis, comme ses successeurs Yuji Ide ou Pastor Maldonado, l’Argentin a complètement disparu de la circulation, à mon plus grand désarroi.
En tout et pour tout, Gastón Mazzacane aura participé à une saison plus quatre courses de Formule 1. Juste assez pour se rendre compte que l’Argentin était trop bon pour ce sport.
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