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CAGADES MONTOYESQUES

Quel plaisir c’était de voir Juan Pablo Montoya faire danser Williams et McLaren sur les circuits de Formule 1 au beau milieu des années 2000 ! Mais tout comme Mansell et Coulthard, le bouillant colombien était connu pour avoir le pied lourd et la faute facile…

Déjà bien éduqué à l’école F3000, Juan Pablo Montoya parfait sa métamorphose en pilote colérique et ultra-rapide aux Etats-Unis. Comment être sage lorsque l’on est entouré de nord-américains bedonnants et vivant pour l’expression “rubbin’s racing” ? Juan Pablo ne le sait pas encore mais c’est bien lui qui nous sauvera de l’ennui en Formule 1 face au règne écrasant de Schumacher Ier.

Pourtant, quand il ne doublait pas Schumacher, Montoya avait la fâcheuse tendance de commettre d’honteuses bourdes. Enfilez vos plus belles lunettes car il y a de la lecture !

H-TOWN INCIDENT

Que ce soit sur les circuits traditionnels ou les ovales à haute vitesse, JPM excelle en CART. En 1999, alors qu’il n’est qu’un débutant, le Colombien aligne les pole positions, enfile les meilleurs tours en course et accumule les victoires. Cette campagne triomphante est récompensée en fin d’année par le titre de champion. Montoya est le deuxième pilote de l’histoire de la discipline, après un certain Nigel Mansell, à être titré dès sa première saison !

Mais la saison 1999 ne fut pas de tout repos pour le futur pilote de Formule 1. A plusieurs reprises, Montoya tâte du rail et de ses adversaires. Un accident en particulier est venu redistribuer les cartes.

Houston, Texas. Le Colombien est premier au classement général. La saison est bientôt finie, tous les points comptent. Montoya est parti pour un “coup du chapeau” en signant pole et meilleur tour. Il caracole en tête. D’un coup, le pilote du Chip Ganassi Racing voit s’agiter des drapeaux jaunes. Un danger sur la piste ? Il s’avère que oui, Hélio Castroneves s’est garé sur le circuit et il faut dégager sa monoplace.

Les autres pilotes en piste esquivent la voiture de Castroneves comme on esquiverait une déjection canine dans la rue. Mais pas Juan Pablo. Lui, il saute carrément à pieds joints dedans. Avec une roue en moins, Montoya n’ira pas plus loin. Cet abandon bouleverse le classement général, Dario Franchitti dépossède Montoya de la tête du championnat à deux courses de la fin de saison…

Les dernières manches se résument à un yo-yo entre Montoya et Franchitti. A Fontana, les deux terminent la saison avec le même nombre de points ! Chose vraiment peu commune en sport automobile. Les dirigeants du CART doivent les départager suivant le nombre de victoires des deux pilotes. Montoya a eu chaud : il est champion car il a gagné le plus de courses !

ENCORE UNE QUE SCHUMACHER N’AURA PAS !

Grand Prix de Monaco 2004. Michael Schumacher domine la Formule 1 en ayant remporté toutes les courses jusqu’ici. Mais il y a de la révolte dans l’air.

Fernando Alonso lance les hostilités : il se sort en essayant de prendre un tour à Ralf Schumacher et provoque la sortie de la voiture de sécurité. Ce diable de Schumacher, Michael bien évidemment, profite des arrêts au stand pour passer premier. Le peloton n’a ni queue ni tête : les leaders, à savoir Schumacher, sont mélangés aux retardataires, à savoir Montoya. Et le Colombien a un aileron arrière floqué “MARLBORO” juste devant son tout petit nez renfrogné.

Et là, le drame. Comme dans Kill Bill, la vision de JPM devient rouge sang et la sirène Ironside se met en route sous son casque. Les mains se crispent, une bourde est en passe d’être commise messieurs dames.

Pas préoccupé par la voiture derrière lui, Schumacher joue avec ses pédales d’accélération et de frein pour chauffer ses pneumatiques. Derrière, Montoya a déjà les yeux révulsés et la langue pendante. La “Mansellisation” du pilote vient d’atteindre sa phase finale. Sur un énième freinage de la Ferrari, Montoya oublie de ralentir à son tour et envoie Schumacher dans le décor !

L’Allemand est fu-rieux en regagnant son garage, on le voit jeter son casque de rage ! Le record de victoires de Senna à Monaco vient de lui échapper (définitivement). Honteux – ou goguenard, tout est possible – Montoya se fera tout discret après cet incident et terminera quatrième.

SAISON APOTHÉOTIQUE

De ses six saisons en Formule 1, la campagne 2005 de Juan Pablo est de loin la plus intense. Le pilote rejoint une nouvelle écurie, McLaren, et fait équipe avec un nouveau pilote : le changement est brutal puisque l’on passe de Ralf S. à Kimi Raikkonen.

Outre trois victoires autoritaires en Grande-Bretagne, en Italie et au Brésil, Montoya va passer la plupart de sa saison dans les graviers ou au fond de son garage. Morceaux choisis :

DEUX SETS

Deux courses. A peine deux courses ont été disputées que McLaren perd déjà sa nouvelle recrue ! Bon, quand je dis qu’ils ont perdu Montoya, il ne s’est pas perdu en forêt, hein. On s’est compris. Entre les courses en Malaisie et à Bahreïn, Montoya profite d’une semaine “de répit” pour s’amuser chez lui, loin du train-train quotidien qu’est de conduire des bolides de course à plus de 300 km/h.

Juan Pablo jouait candidement au tennis lorsque, patatras, il se blesse à l’épaule. Le voilà absent pour un mois entier ! C’est ce que son équipe révèle dans une certaine confusion. Car confusion il y a sur les origines exactes de cette blessure. Pendant toute la durée de ce remue-ménage médiatique, soit exactement trois jours, McLaren et Montoya restent fidèles à la version du tennis qui tourne mal. Pourtant, une rumeur prend de plus en plus d’ampleur et parlerait d’une blessure contractée loin des courts de tennis et près des terrains accidentés de motocross.

Vous allez me dire, quelle est la différence entre se blesser au tennis, en moto, à la plage ou en glissant sur une peau de banane ? C’est vrai après tout ! Mais dans le monde de la Formule 1, ce n’est pas aussi simple que ça. Des contrats tellement bien ficelés qu’on dirait des rôtis de bœuf stipulent que les pilotes sont interdits de pratiquer certaines disciplines sportives en dehors de la F1 pour, justement, éviter de se faire mal. Maintenant, voyez-vous la différence entre se blesser malencontreusement au tennis et s’éclater en tordant une moto ?

Une mystérieuse aura plane encore sur cet incident. Alors, tennis, motocross, quad ou pire encore ? C’est un secret que Juan Pablo emportera dans sa tombe…

“BRAKE-TEST”

Qu’est-ce qu’on avait dit sur le “brake-test” en Formule 1 ?! Décidément, personne ne veut m’écouter… De retour de convalescence, lors d’une séance d’essais libres en Principauté monégasque, Montoya va montrer à la face du globe à quel point ce geste est à proscrire tant il est fourbe et maladroit.

Montoya, surement nostalgique des moments où il éclatait Ralf matin, midi et soir chez Williams, décide de “brake-check” son ancien équipier pour faire bonne mesure. Un mini-embouteillage se créé, mêlant les deux + David Coulthard qui passait dans le coin. Mais derrière, il y a Jacques Villeneuve qui déboule à 2-50. Cela va sans dire, Villeneuve explose l’arrière de Coulthard et l’expédie sur le ponton de Schumacher. Les trois hommes restent sur le carreau. Montoya, lui, continue comme si de rien n’était.

Mais les commissaires veillent au grain et flanquent une pénalité carabinée au pilote McLaren. Visiblement pas chamboulé à l’idée de partir en avant-dernière ligne sur un circuit où il est statistiquement impossible de dépasser, Montoya finit on ne sait trop comment cinquième.

FEU ROUGE

On l’a bien vu, Montoya se remet difficilement dans le bain après sa blessure à l’épaule suite à une partie endiablée de tarot. Mais ça y est, cette fois c’est la bonne ! Au Canada, déjà la huitième course du calendrier, JPM se qualifie devant Raikkonen et mène même la course. Il faudra un Jenson Button des grands jours pour enrayer la machine colombienne. Le pilote BAR sort de la piste et provoque la sortie de la voiture de sécurité…

Contexte : En Formule 1, au milieu des années 2000, la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) avait jugé pertinent de “fermer” la voie des stands lorsque la voiture de sécurité entre en piste en plaçant un feu rouge. Lewis Hamilton peut en témoigner, cette règle n’est vraiment pas faite pour la F1.

Mais revenons à nos moutons. La voiture de sécurité est en piste et JPM doit s’arrêter pour remettre de l’essence. Il s’exécute et l’arrêt se passe bien pour une fois. Tout bascule au moment de quitter la voie des stands. Le feu rouge, plutôt massif, est dressé au bout de son chemin. Mais Montoya ne ralentit pas du tout et le grille bien comme il faut.

Comme à Monaco, le geste déraisonnable de Montoya ne reste pas impuni. Sur la route, c’est 4 points et 135€ d’amende. En Formule 1, c’est disqualification et moquerie(s) sur un obscur blog français 13 ans plus tard.

MAXIMUM ATTACK

Trois abandons, dont une disqualification, suivent la cinquième place de Monaco. Mais Montoya parvient à triompher à Silverstone, son premier succès pour le compte de McLaren. Le pilote est gonflé à bloc lors de la course suivante, en Allemagne. A l’époque, les qualifications se font sur un seul tour chronométré et les pilotes sortent les uns après les autres. En bon vainqueur de la manche précédente, Montoya s’élance en dernier.

Le temps à battre a été établi par son équipier Raikkonen. Montoya est déchaîné, il signe le meilleur temps dans le premier secteur. JPM donne tout, peut-être un peu trop… puisqu’il part en tête-à-queue dans le dernier virage et s’écrase contre le mur ! Son chrono restera vierge et le Colombien partira dernier… Catastrophe dans le camp McLaren, les grands pontes de leur motoriste Mercedes sont présents et assistent en direct à ce triste spectacle.

Encore une fois, Juan Pablo Montoya reçoit le champignon doré en course et dépose littéralement 18 pilotes. Tout le monde y passe… sauf ce diable d’Alonso, vainqueur du Grand Prix !

OBRIGADO ANTONIÔ

Entre l’Allemagne en juillet et la Belgique fin août, la situation a changé chez McLaren. Les gris savent qu’ils ont la voiture pour dépasser Renault au classement général. Mais pour ce faire, il faudrait que le moteur de Raikkonen tienne un week-end complet et que Montoya n’aille pas tâter du gravier…

Mission impossible donc.

A Spa-Francorchamps, Montoya garde ses quatre roues sur le bitume pendant un tour qualificatif et signe la pole position. En fin de course, il est isolé à la deuxième place derrière Raikkonen. McLaren est virtuellement en tête du championnat ! Dans les derniers kilomètres, un Antoniô Pizzonia sauvage apparaît. Le Brésilien de Williams est en passe de se faire prendre un tour par Juan Pablo.

Montoya se rapproche et prépare son dépassement : vérification dans les deux rétroviseurs externes et le rétro interne, angle mort, clignotant à gauche. Une manœuvre chirurgicale. Puis JPM débranche le cerveau et se rabat à droite comme s’il était seul au monde. Sauf qu’il ne l’est pas. Montoya et Pizzonia abandonnent. Renault garde la première place du championnat.

SORTIE(S) RÉUSSIE(S)

En 2006, les poles, victoires, podiums et meilleurs tours de l’an dernier sont de lointains souvenirs. La nouvelle McLaren, la MP4-21, est un tout petit veau. Si Raikkonen arrive, à peu près, à faire bonne figure, Montoya est aux abois. Le Colombien n’est plus aussi incisif qu’avant.

Sa tournée nord-américaine repousse les limites de la gaffe. Au Canada, Montoya envoie Rosberg en tête-à-queue dans le premier tour et s’achève sur le fameux “mur des champions“. A Indianapolis, il s’accroche avec son propre équipier dans le premier virage, ce qui provoque une étrange réaction en chaîne : Raikkonen percute Button qui percute Heidfeld qui s’envole dans les airs ! Au final sept voitures abandonnent !

Une grosse gaffe qui aura d’énormes conséquences. Une semaine plus tard, Montoya annonce sa retraite à l’issue de la saison 2006. Touché dans son orgueil, Ron Dennis – patron de McLaren – préfère le virer de lui-même après cette énième frasque.

La carrière de Juan Pablo Montoya en Formule 1 est un immense gâchis, c’est certain. Le pilote avait la carrure d’un champion du monde et l’a démontré à plusieurs reprises :

  • Il gagne dès sa première saison dans l’élite.
  • Il a su poser sa grosse paire de c…ourage sur le nez germanique de Michael Schumacher lorsqu’il le fallait… Et même lorsqu’il ne le fallait pas.
  • Il gagne dans les rues de Monaco en 2003 sans partir de la pole position et résiste à la pression folle de Raikkonen et Schumacher.

Ma statistique préférée, et qui résume bien Montoya, concerne la saison 2002. Comme vous le savez, cette année-là, Schumacher écœure en étant titré dès le mois de juillet. Sa Ferrari F2002 était si dominatrice que le Baron rouge n’a pas quitté le podium de la saison. Pourtant, si l’on se penche du côté des qualifications, Schumacher est parti 7 fois de la pole en 2002, à égalité avec un autre pilote. Pas besoin de dire son nom…


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